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Iechternach.lu Special

SUITE: La Basilique d'Echternach

Une vue de 1866


Anvers, Extrait des Annales de l’Académie d’archéologie
de Belgique, tome XXII,  - 2e série, tome II. -
LA BASILIQUE DE S.-WILLIBRORD

A Echternach (Grand-Duché de Luxembourg) par
M.  le Dr A. NAMUR Membre correspondant
étranger à Luxembourg,



a. La basilique primitive — style roman — XIe siècle.

L'église primitive affecte, d'après un usage continué jusqu'au XIe siècle la forme d’une  basilique romaine, avec cette différence que le fond du chœur, qui originairement se terminait en hémi­cycle, est rectiligne comme dans la plupart des monuments du même genre en Angleterre.

Sous le choeur existe une crypte dans laquelle on entrait à droite et à gauche par deux escaliers, aux extrémités des nefs latéra­les. Ces entrées sont fermées aujourd'hui. Cette crypte est la plusancienne partie de l’édifice, la seule partie qui reste de l'église primitive, devenue la proie des flammes en 1017. C'est  dans ce souterrain, que saint Willibrord  célébrait la sainte messe;c'est là que sous l'autel de la Ste-Vierge il a été enseveli.

L’intérieur de l’église est divisé en trois nefs par deux rangées de gros pilastres alternant avec des colonnes d’ordre corinthien, auxquelles plusieurs archéologues renommés ont attribué une origine romaine. Ces pilastres et ces colonnes sont réunis par des arcs cintrés ; à en juger par les impostes qu’on remarque encore aux murs latéraux correspondant avec les pilastres, ceux-ci et les murs étaient réunis de la même manière, ce qui  fait un système  d'arcades symétriques qui frappent le visiteur à son entrée dans le vénérable sanctuaire1.
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Début du livre: La basilique
d' Echternach
L'emploi de colonnes romaines dans les églises chrétiennes n'est pas un fait insolite. Le sénat de Rome avait orné l'arc de triomphe de Constantin aux dépens de celui de Trajan. Les chrétiens suivirent aveuglement cet exemple. Ils exploitèrent sans pitié les édifices de l'ancienne Rome; les colonnes furent déplacées et servirent à soutenir les arcades des nefs. Des colonnes semblables se trouvent dans la cathédrale de Trèves. Nous nous demandons naturellement d'où peuvent provenir les colonnes de notre basilique. Les découvertes importantes faites en 1852 à proximité d'Echternach, au lieu-dit – « Schwarzacht », permettent de supposerqu'il y avait autrefois en ces lieux des bâtiments  très considérables, qui ont  pu fournir ces colonnes.

L'opinion généralement accréditée de l'origine romaine d ces colonnes a été récemment combattue par M. le professeur Auguste Mullendorff qui, pendant son séjour à Echternach, pris une très large part à  la restauration en  question, (Organ für christliche Kunst). Ces colonnes, dit-il, ne peuvent pas être classiques puisqu'elles portent tous les caractères de la  colonne romane ce qu'il cherche à démontrer.

L'église avait primitivement un  plafond eu bois, dans la  nef principale aussi bien que dans les nefs latérales, ce qui paraît  suffisamment  prouvé par les peintures murales dont on a vu encoredes vestiges au-dessus des voûtes actuelles qui sont de date  postérieure.

Les murs paraissent avoir été décorés de semblables peintures dans toute leur hauteur ; tel a été le cas dans la plupart des bâtiments mis à découvert à Pompéi et dans les basiliques d’Italie.
 
1 Vue de l’intérieur de la basilique, par M. le professeur Berg.
 
Un exemple analogue de telles peintures se voit dans la cathédrale de Trèves.
On ignore ce que ces peintures de notre basilique ont représenté.

Étaient-ce de simples décorations, (les scènes de l'ancien ou du nouveau Testament, ou des figures allégoriques et symboliques? Les traces qui sont restées sont insuffisantes pour le démontrer. Aux colonnes on a encore remarqué des vestiges de couleur brun-rougeâtre; aux chapiteaux des traces de vert et d'or.

Berthels , l'historiographe de l'abbaye (XVIe siècle) , vit encore de son temps les douze apôtres et des anges représentés sur les pilastres et les colonnes. D'après une ancienne notice, plusieurs de ces peintures ont été faites vers 1190 sous l'abbé Godefroid.
D'après le rapport du susdit M. Mullendorff, il ne reste abso­lument rien des fenêtres primitives.

Quant aux tours de l'église, on prétend que des quatre qui existaient, les cieux qui sont contiguës au choeur appartiennent à l'église primitive; les deux autres à côté de l'entrée de l'église, sont attribuées à la moitié du XIIIe siècle. Cependant sur la minia­ture citée du Liber aureus  de Gotha, la basilique est déjà repré­sentée avec quatre tours et cet ouvrage précieux date sans contredit du XIIe siècle.

Voici les principales dimensions de l'ancienne basilique: la longueur totale jusqu'à l'extrémité du chœur est de 65m20, dont 17m00 pour le chœur.

Largeur de la nef principale 9m90, hauteur de cette nef 16m10 largeur des nefs latérales respectivement 5m70 et 5m30, y compris l'espace occupé par les colonnes et les pilastres: hauteur de ces nefs 8m40. Comment expliquer cette différence de largeur des nefs latérales?
Pourquoi d'un autre côté l'axe du choeur forme-t-il angle avec celui de la nef principale?

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d' Echternach
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La basilique modifiée
au XIIIe siècle
– style gothique